Monday, October 31, 2005

Une proposition qui mérite d’être étudiée

Nicolas Sarkozy a surpris nombre de ses petits camarades de l’UMP en proposant d’octroyer le droit de vote aux élections locales aux ressortissants étrangers habitant en France depuis plus de cinq ans. Cette proposition a suscité l’ire de nombreux responsables gouvernementaux et même une réponse désapprobatrice de Jacques Chirac. Et pourtant, cette proposition est-elle vraiment incongrue ?

Pour avoir vécu depuis plus de deux ans dans un pays étranger, payant régulièrement mes taxes, intéressé par la vie politique locale, j’aimerais avoir l’opportunité de m’exprimer sur les orientations qui vont impacter la vie de ma communauté. Pourquoi appartiendrais-je à une catégorie de seconde zone, devant respecter toutes les obligations mais sans avoir le droit de m’exprimer démocratiquement?

L’argument développé par les opposants à cette idée repose sur la traditionnelle relation existant entre nationalité et droit de vote. Alors que la migration des travailleurs n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui, ce lien n’est peut-être plus pertinent. Ce n’est pas parce que quelqu’un vit plus de cinq ans dans un pays, qu’il souhaite en acquérir la nationalité, mais ce n’est pas pour autant qu’il doit être privé de tout droit d’expression.

Pouvoir m’exprimer au niveau local dans le pays dans lequel je vis et au niveau national pour le pays dont je suis citoyen (et que j’espère voir évoluer, enfin…), voila une idée séduisante et qui « makes sense ».

Wednesday, October 26, 2005

Blablabla… par Jacques Chirac


Le Président de la République Française a pris sa plus belle plume pour s’adresser par le biais de leurs quotidiens nationaux aux habitants des 25 pays de l’Union Européenne. Une parfaite illustration du discours langue de bois de l’énarchie française, que vous pouvez pratiquer en cliquant ici.

Au menu de cette affligeante litanie :


- Le modèle de l’Europe serait « l’économie sociale de marché » ; ce qui signifie ? Le choix semble plus aisé, un modèle destructeur d’emplois, i.e. le "modèle français" tel que perçu après 30 années de socialisme, ou un modèle créateur d’emplois fondé sur l’effort, la liberté d’entreprendre et l’innovation ?

- La France serait confrontée au ralentissement de la croissance ; c’est partiellement exact, la croissance est forte dans les pays qui ont su mettre en place les réformes adéquates ;

- La mise à disposition de fonds publics pour « doubler la capacité de recherche communautaire » répond à un nécessaire besoin, favoriser la recherche, mais par un mauvais procédé. Il y a énormément d’argent sur le marché prêt à être investi dans les technologies de demain, et géré par des professionnels compétents. Il serait préférable de réduire les impôts au profit d’investissements spéculatifs réalisés par les particuliers, qui ainsi détiendraient de réels actifs au lieu de payer des taxes à fonds perdus.

- Jugeant utile de revenir sur la pathétique gestion de l’affaire HP, Jacques Chirac défend la mise en place de « réponses » aussi imprécises qu’inefficaces. Il suffirait de rendre l’Europe attractive aux investissements…

- Face à la montée des prix du pétrole, aucune mention de la nécessaire réduction des taxes n’est proposée… c’est pourtant 80% du prix et constitue ainsi un désavantage compétitif avec les autres nations mondiales.

- Aucune proposition nouvelle n’est avancée pour débloquer le processus à l’OMC ou le budget européen. La France reste coincée trente ans en arrière, à sur-subventionner son agriculture au détriment de toute rationalité.


Finalement, on ne retiendra qu’une phrase de cet article : « Car, sauf à abdiquer la maîtrise de son destin, l'Europe ne peut s'arrêter quand le reste du monde accélère le pas ».

Exact ! Alors pourquoi ne cesser de s’opposer à la remise en marche du moteur !!

Sunday, October 23, 2005

Les bienfaits du plombier polonais


La campagne référendaire du printemps dernier a fait apparaître un nouvel icône dans l’imaginaire collectif français : le plombier polonais, qui vient « voler le travail du plombier bien de chez nous ». Sans revenir sur la stupidité de cette argumentation xénophobe, il est tout de même nécessaire de souligner l’article du New-York Times publie ce jour : « East Europeans Crowd Through Britain’s Wide Open Door ».

L’article illustre comment la robustesse et le dynamisme de l’économie anglaise permet à plus de 15.000 immigrants d’Europe de l’Est de trouver un emploi chaque mois, alors que le chômage ne dépasse pas 4.7%. En réalité, l’économie britannique a plus de 600.000 emplois à pourvoir. A noter que ce phénomène s’observe également en Irlande et en Suède, où respectivement 45.000 et 16.000 personnes ont trouvé un emploi.

Cette main d’œuvre extrêmement qualifiée contribue au développement de l’économie et au dynamisme de ces pays, est accueillie très positivement par la population. Certains quartiers sont revitalisés, les églises catholiques sont à nouveau pleines… Bref, l’optimisme est réel!

Dans le même temps, la France a refusé d’ouvrir ses frontières aux européens de l’est et les oblige encore à suivre des procédures administratives extrêmement compliquées. Résultat : il arrive en deux jours à Londres autant de polonais qu’en une année à Paris.

Une nouvelle illustration de la différence entre ouverture au monde et repli sur soi !

Tuesday, October 18, 2005

La singularité française


Décidée à se retrouver isolée au milieu de ses voisins européens, la France a exigé une réunion d’urgence du Conseil Européen pour étudier les propositions faites par le commissaire européen Mandelson lors des réunions du cycle de Doha.
Bien que la France ergote sur des questions présentées comme techniques, l’enjeu est aisément compréhensible par tous, et illustre, une nouvelle fois, le décalage entre la France et le reste du monde.

Le cycle de Doha est extrêmement important dans le cadre du développement de l’Organisation Mondiale du Commerce, et l’accord final devrait permettre de faciliter les échanges internationaux, profitant ainsi aux producteurs et consommateurs du monde entier. Il est connu et reconnu que les échanges commerciaux bénéficient à tous et, au prix de quelques ajustements, permettent non seulement le développement économique mais aussi l’essor de la liberté et de la démocratie.

Traditionnellement les subventions à l’agriculture sont un sujet sensible, sources de tensions entre Américains, Européens et les pays en voie de développement. Pour simplifier, les pays en voie de développement ne comprennent pas pourquoi les pays développés subventionnent lourdement leurs agriculteurs, ce qui préjudicient à la concurrence et donc à leur essor économique.

La France est bien entendu à la pointe de ce combat rétrograde, prête a sacrifier à fonds perdus des millions d’euros pour subventionner la culture de produits qui pourraient être importés d’autres pays à un prix de production inférieur. Les fonds ainsi économisés pourraient être utilisés pour contribuer au développement d’innovations, dans le secteur agricole et autres, permettant à cette frange de la population de monter dans le train de la société du savoir et de l’innovation.
Malheureusement le courage politique est une denrée rare dans les 7e et 8e arrondissements parisiens !

De l’avis de tous les observateurs, à l’exception des analystes français, les récentes propositions de réduction de leurs subventions faites par les Américains représentent un immense pas en avant, et devraient permettre une avancée historique dans la libéralisation des échanges commerciaux.

Seul soucis : l’opposition du Président de la République Française ! Au détriment des consommateurs et contribuables français, des producteurs brésiliens… Jacques Chirac illustre une nouvelle fois son incompréhension du monde post-gaulliste. La France s’entête à se vouloir protectionniste, et ainsi poursuit son déclin.

En conclusion de la réunion des ministres européens, il a bien sur été décidé de ne pas mettre en place le processus de contrôle imaginé par l’énarchie française… cela suffira-t-il pour faire évoluer la France vers une position raisonnable ? On peut, hélas, en douter…

Tuesday, October 11, 2005

Ubuesque Coppé

Jean-François Coppé, ministre du Budget du gouvernement de Villepin, est venu aux Etats-Unis pour convaincre les Américains que la France est un pays "qui bouge". Mission difficile à l’heure des affaires SNCM et HP pathétiquement traitées par le gouvernement, d’une manifestation "nationale" aux mots d’ordres anachroniques…
La France qui bouge, vu des Etats-Unis, c’est plutôt la France qui s’enfonce !

Une illustration des difficultés de M. Coppé ? Interrogé sur CNN International, il s’est targue de la réforme(ette) fiscale promise. Et la journaliste de s’étonner :
« Je ne suis pas sûr que les Américains seraient heureux d'apprendre qu'ils pourraient verser jusqu'à 60% de leur revenu aux impôts !».

Nombre de Français ne le sont pas non plus…

Sunday, October 09, 2005

Triste réalité


Le New York Times consacre en ce dimanche matin une page sur les bénéfices des chômeurs en Europe.

Conclusion :

France might be the cushiest alternative of all, however. France not only offers generous compensation, but it has yet to organize an efficient network of job training and placement centers. So in practical terms, the most an out-of-work person has to do to maintain benefits, Mr. Grubb said, is to call in every six months to confirm that no new job has been found.
The French government is trying to change this laissez-faire approach - in part by adding yet another benefit. Prime Minister Dominique de Villepin has proposed giving the unemployed a bonus of 1,000 euros, or about $1,200, for taking a job, even as the government weighs a three-strikes rule, under which jobless people would lose their unemployment compensation if they turned down three job offers.
The French government is also trying to make it easier for small companies to lay off workers. But that proposal provoked thousands of strikers to take to the streets last week in Paris and other cities.”


Comment envisager attirer des investisseurs et favoriser la croissance dans ces conditions?

Saturday, October 08, 2005

Leçon de vie par Steve Jobs


En Mai dernier, Steve Jobs, le mythique fondateur d’Apple s’adressait aux nouveaux diplômés de l’Université de Stanford. Cette adresse, largement commentée et louée aux US, n’a pas connu un fort retentissement en France. La traduction qui suit devrait favoriser sa diffusion. Cliquez ici pour le texte en VO.

« C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.


Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université

La première concerne les incidences imprévues. J’ai abandonné mes études au Reed College au bout de six mois, mais j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ? Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. » Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard, quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université. Dix-sept ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui m’intéressaient. Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous donner un exemple : le Reed College dispensait probablement alors le meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires, je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné. Rien de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne posséderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard. On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.

Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire

Ma deuxième histoire concerne la passion et l’échec. J’ai eu la chance d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d’avoir 30 ans. C’est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes. Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l’une des périodes les plus créatives de ma vie. Pendant les cinq années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse. Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.

Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie

Ma troisième histoire concerne la mort. A l’âge de 17 ans, j’ai lu une citation qui disait à peu près ceci : « Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années écoulées, je me suis regardé dans la gla-ce le matin en me disant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de changement. Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur. Il y a un an environ, on découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux. J’ai vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a opéré et je vais bien. Ce fut mon seul contact avec la mort, et j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années. Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel : personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux. C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais c’est la vérité. Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire. Dans ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth Catalog , l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche, trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste, débordant de recettes formidables et d’idées épatantes. Stewart et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth Catalog . Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait : « Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi. Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite. Soyez insatiables. Soyez fous. Merci à tous.»

Friday, October 07, 2005

Désespérant !!

Lu dans Le Figaro:

« En écho aux inquiétudes des Français devant la mondialisation et un modèle libéral défendu par Tony Blair, Jacques Chirac a, lui, insisté sur la nécessité d'une meilleure protection sociale des citoyens. »

Désespérant !! Seul un grand virage libéral permettra à la France de se sortir de son marasme actuel ! Il n’y a pas meilleure protection sociale que d’avoir un emploi…

Thursday, October 06, 2005

S'il le dit...

Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici cette phrase de Michel Rocard:
« Les socialistes français sont différents des autres, en quelque sorte handicapés, et cela dès l'origine ». Il parle d’une « mauvaise exception » en Europe.
On savait que les socialistes français étaient des décades en retard sur leurs voisins européens, mais il toujours bon que l’un d’eux le rappelle.

A noter que l’on peut en dire autant de la plupart des dirigeants de l’UMP qui vivent a l’heure gaulliste…

Tuesday, October 04, 2005

L’Elysée? C’est sur quelle planète?

Sur quelle planète vit le Président de la République Française ?
Illustrant à nouveau son incompréhension économique, Jacques Chirac souhaite que la Commission Européenne et le Gouvernement s’ingèrent dans les affaires d’Hewlett Packard qui « gagne beaucoup d’argent ».

Le Président de la Commission Européenne est lui au courant des règles basiques de séparation entre l’initiative privée et la régulation publique, et sait combien il est dangereux de tenir de tels discours. Au moins l’Europe est utile dans ce domaine !

Monsieur Chirac : le rôle de la puissance publique est de favoriser le développement des entreprises afin de permettre aux citoyens de créer, d’innover, d’avoir un emploi. Consacrez votre énergie à cette tâche en implémentant les reformes oubliées depuis 1995. Cessez de jouer aux épouvantails !

Un exemple à suivre

La Slovaquie est un pays en fort développement, et au rythme actuel il n’y a qu’une question à se poser : quand l’économie slovaque dépassera-t-elle l’économie française ?
Grâce aux mesures prises par le gouvernement slovaque, les résultats sont clairs : 5,1% de croissance annuelle et une réduction massive du chômage.

Quelle est la recette du « miracle » ?

De simples mesures libérales mises en œuvre depuis 2002 qui prouvent leur efficacité, entre autres :
- Un taux unique pour la totalité des impôts (IR, TVA, IS) a 19% ;
- Réforme complète de la protection sociale ;
- Introduction d’une flexibilité réelle sur le marché du travail.

Certes la Slovaquie a encore du chemin a faire, mais avec un taux de croissance a 5% pour les années a venir selon l’OCDE, les lendemains s’annoncent chantants.

Et si la France se mettait enfin en configuration pour concourir à armes égales?